Il y a des buts venus d’ailleurs et des buts casquettes. Celui-ci réussit l’exploit d’être les deux à la fois.
Le mercredi 23 novembre 1983, Lens reçoit Anderlecht, le tenant du titre, en 8e de finale aller de la Coupe de l’UEFA. C’est le troisième adversaire belge dans cette compétition pour les hommes de Gérard Houiller.
Le caillou de Bollaert et l’égalisation miraculeuse
Alors que le match nul et vierge se profile, Anderlecht ouvre le score à la 88e minute grâce à Erwin Vandenbergh (1-0). Il reste très peu de temps au club nordiste pour égaliser. Et c’est alors qu’un miracle se produit.
Les Sang et Or – emmenés notamment par Francis Gillot et Philippe Vercruysse – lancent leurs dernières forces dans la bataille. Sous le pressing lensois aux abords de la surface de réparation, Kenneth Brylle fait une passe en retrait pour son gardien. Mais le portier Jacky Munaron rate son contrôle et le ballon finit dans son but. L’arbitre siffle la fin du match dans la foulée. Score final : 1-1.
Furieux, le gardien d’Anderlecht saisit à la main sur la pelouse un objet et court le montrer à l’arbitre. Il s’agit d’un caillou ! En effet, sur les images au ralenti, on observe une pierre qui dévie la trajectoire du ballon au dernier moment dans les six mètres et contraint le malheureux gardien à mettre un but contre son camp.
Cailloux, canettes de bière, briquets
Jacky Munaron sort du terrain en montrant aux médias ce qu’il a dans les mains trouvé dans sa surface de réparation : cailloux, canettes de bière, briquets…
Le gardien revient sur ce fait de jeu incroyable pour le media belge La DH Les Sports+ le 17 novembre 2006 :
« C’était la fin du match, et j’étais peut-être un peu moins concentré. J’avais un œil sur le ballon et un œil sur ce qui se passait derrière moi. Nos supporters canardaient les CRS avec tout ce qu’ils trouvaient. Les policiers avaient reculé jusque dans mes filets. J’ai appris par après qu’il y avait plein de matériaux parce que le stade était en construction pour l’Euro 84. À ce moment-là, c’était la mode d’être hooligan. J’avais averti cinq, six fois le juge de touche que des barres de fer et des pierres se trouvaient dans mon but. Puis, un caillou a heurté le ballon, et j’étais cuit. J’ai été vers l’arbitre mais il ne pouvait rien faire. Après le match, il m’a dit que j’aurais dû me coucher, pour qu’il arrête le jeu. Mais qui pense à cela pendant le match ? »
Malgré cette égalisation miraculeuse, Lens s’incline et est éliminé au match retour deux semaines plus tard chez son voisin belge (1-0). Anderlecht se qualifie pour la suite de la compétition et finira finaliste malheureux aux tirs au but contre Tottenham.
« Les supporters m’ont offert un socle avec un caillou de Lens »
Toujours dans La DH Les Sports+, Jacky Munaron dévoile que cet acte suscite encore beaucoup de réactions :
« Après la qualification, les supporters m’ont offert un socle avec un caillou de Lens. Pas le fameux caillou qui m’a été fatal, évidemment. Mais quand même : Museeuw a ses trois pavés du Nord, moi, j’ai mon caillou de Lens. Il doit être quelque part dans mon grenier. »
Et de poursuivre : « Les Anderlechtois me chambrent, et je rigole. Comme René Vandereycken, quand la Belgique rencontrait la Yougoslavie pour l’Euro 84 à Lens. Avant le match, il s’était mis à quatre pattes dans le rectangle pour sentir s’il n’y avait pas de pierre.«
C’est ce qu’on appelle l’humour belge, sans aucun doute.
Le caillou de Bollaert
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