Alexandre Villaplane, le capitaine de l’équipe de France devenu SS

Un SS a joué en équipe de France et en a été capitaine. Alexandre Villaplane porte à 25 reprises le maillot tricolore et participe au Mondial 1930. Sous l’Occupation, il rejoint la Gestapo et est naturalisé allemand. À la Libération, il est condamné et fusillé le 27 décembre 1944.

Du brassard de capitaine de l’équipe de France au brassard nazi. Non ce n’est pas la chanson « SS in Uruguay » de Serge Gainsbourg mais l’effroyable parcours d’un joueur de l’équipe de France : Alexandre Villaplane.

Premier capitaine de l’équipe de France en Coupe du monde

Et il ne s’agit pas de n’importe quel Bleu. Alexandre Villaplane est le capitaine de l’équipe de France lors de la première Coupe du monde de l’histoire du football en 1930 en Uruguay. Celle pour laquelle les Bleus traversent l’Atlantique en bateau durant deux semaines.

Pour le premier match de la compétition contre le Mexique avec une victoire 4-1 dont le premier but de l’histoire du Mondial inscrit par Lucien Laurent le 13 juillet 1930, Alexandre Villaplane confie à la presse : « C’est le plus beau jour de ma vie ».

Alexandre Villaplane est appelé en équipe de France pour la première fois le 11 avril 1926 pour une victoire contre la Belgique (4-3). Le milieu de terrain compte 25 sélections officielles et tire sa révérence à l’issue du Mondial 1930, où il est capitaine lors des trois rencontres.

Le style du joueur : « Une grande adresse, une étonnante facilité de jeu », décrit l’hebdomadaire Football qui évoque aussi sa « popularité qui ne diminue guère ».

En club, il quitte les équipes du sud à Sète (1921-1927) et à Nîmes (1927-1929) pour s’engager avec le Racing Club de France (1929-1932). Ensuite, il participe au premier championnat professionnel (1932-1933) avec le club d’Antibes, finalement déclassé pour avoir corrompu des adversaires. Enfin, Villaplane signe à Nice (1933-1934) avant d’essayer de rebondir une dernière fois du côté de Bordeaux.

Carrière d’escroc et séjours en prison

Mais il ne peut poursuivre son ultime saison. En 1934, il est condamné à six mois de prison pour une affaire de paris hippiques truqués dans les hippodromes de Paris et de la Côte d’Azur. Comme le précise L’Equipe, « Avec des complices, il a fait courir un crack, Écureuil V, sous le nom d’un tocard, Hallencourt, et empoché des gains importants grâce aux cotes ainsi truquées ».

Depuis plusieurs années, Villaplane est passé de la page « sport » à la rubrique « fait-divers » des journaux : il dépense sans compter son argent dans les bars, les cabarets, mais surtout dans les courses de chevaux. Cercle vicieux : il se lie au grand banditisme par appât du gain. Ce qui lui vaut plusieurs séjours en prison.

Intègre une bande de malfrats, future Gestapo française

Au début de la Seconde Guerre Mondiale, il fait son beurre du marché noir et du racket des Juif à Paris durant l’Occupation. Il est condamné à deux mois de prison pour recel. Le 10 juin 1940, il braque avec des complices une boutique rue La Fayette. « Radié des fédérations, chassé des sociétés sportives allant de déchéance en déchéance, il avait déja encouru deux condamnations il a été établi que c’est lui qui commandait l’expédition de la rue La Fayette« , rapporte le quotidien Le Matin.

Dès lors c’est l’escalade vers l’ignominie. Il rejoint le groupe de la « Carlingue » formé par Henri Lafont et Pierre Bonny, qui deviennent en 1942 responsables de la Gestapo française. Installée au 93, rue Lauriston dans le XVIe arrondissement de Paris, la bande de malfrats est progressivement chargée d’extorquer des fonds, puis de démanteler les réseaux de Résistance, avant de traquer directement les juifs, le tout en pratiquant sans vergogne la torture.

Promu SS, il ordonne plusieurs massacres en 1944

En février 1944 est créée la Brigade Nord-Africaine (BNA), une unité de collaboration paramilitaire opérant pour le compte de l’Allemagne nazie et constituée de membres d’origine nord-africaine.

Né à Alger avant d’arriver en France à l’adolescence, Alexandre Villaplane est nommé responsable de l’une des cinq sections de la BNA. Promu sous-lieutenant SS (Untersturmführer) et porteur du costume allemand nazi, il combat la Résistance dans le Périgord à partir du printemps 1944 pour « nettoyer » le département avec plusieurs massacres et nombreux pillages où il négocie la vie d’otages contre de l’argent.

Un rôle de chef d’escadron de la mort où il met à jour toute sa cruauté. Au lendemain du massacre d’Oradour-sur-Glane (643 civils tués dans ce village de Haute-Vienne), un autre massacre est perpétré en Dordogne. Sous les ordres de Villaplane, 52 personnes – dont des mineurs – sont fusillées dans le village de Mussidan le 11 juin 1944 et 115 habitants sont déportés en représailles à l’attaque d’un train par les maquisards dans la gare de cette commune.

Des témoignages rapportent que Alexandre Villaplane a tué une dizaine de personnes lui-même durant ce massacre.

Au total, son « équipe » fait environ 200 victimes dans le département du Périgord selon le témoignage d’un inspecteur à l’époque, relayé par L’Humanité : Brantôme (26 otages exécutés le 26 mars), Sainte-Marie-de-Chignac (25 fusillés le 27 mars), Rouffignac (4 personnes exécutées le 28 mars), Saint-Martin-de-Fressengeas (10 fusillés le 18 avril), Mussidan (52 fusillés le 11 juin), Piles-à-Cornille (13 fusillés le 13 juin) et Saint-Germain-du-Salembre (33 fusillés le 27 juillet).

Dans la foulée, Alexandre Villaplane reçoit son passeport pour être naturalisé allemand.

Fusillé à la Libération

Peu après le Débarquement allié et la libération progressive de la France, Alexandre Villaplane est arrêté à Paris le 24 août 1944 le jour même de la libération de la capitale alors qu’il voulait prendre la fuite avec l’argent salement amassé.

Il est jugé et condamné à mort par la cour de justice de la Seine pour haute trahison, intelligence avec l’ennemi, meurtres et actes de barbarie.

Durant son procès en décembre 1944, des témoins rapportent :  « Cette brigade nord-africaine (…), elle a tué en Dordogne plus de deux cents personnes, et encore ce ne sont là que les cadavres identifiés. Ils arrachaient les bijoux des cadavres et j’ai vu leurs poches pleines de bagues dégoulinantes de sang. C’est le lieutenant Alex qui les commandait, il se pavanait dans un uniforme allemand, saluait à l’hitlérienne et traversait Périgueux dans une Citroën criblée de balles ; il l’avait volée aux maquisards et il s’en glorifiait « 

Et le procureur de synthétiser : « Ces Nord-Africains pillent, violent volent, tuent, s’associent avec les Allemands pour les pires brigandages, les exécutions les plus affreuses. (…) Un témoin nous a dit comment il a vu de ses yeux ces mercenaires glisser dans leurs poches les bijoux arrachés aux victimes encore frémissantes, et tâchés de sang. Au milieu de ces débordements, voici comment Villaplane opérait : il est calme et souriant, presque gai, pimpant. Sa psychologie est tout à fait différente de celle des autres membres de son groupe ; il se dépeint lui-même comme un combinard. Je dirais, d’une façon plus technique, en considérant son dossier casier judiciaire, qu’il est plus qu’un combinard : c’est un escroc, un escroc-né. Or les escrocs ont un sens qui est indispensable à leur métier c’est le sens de la mise en scène. Cette mise en scène est en effet utile pour aveugler la victime et l’amener à livrer ce qu’elle veut défendre, Ce sens de la mise en scène a toujours été, chez les escrocs, un sens primordial. Villaplane le possède au plus haut degré, et dans les faits qui lui sont reprochés il a établi une mise en scène cynique, à l’occasion de laquelle il va tenter et réussir la forme la plus abjecte du chantage : le chantage à l’espérance (…) En uniforme allemand, il descend d’une voiture prise au maquis et il commence le monologue suivant : ‘En quel temps vivons-nous ! Quelle terrible époque que la nôtre ! À quelles dures extrémités suis-je réduit, moi, un Français, obligé de porter l’uniforme allemand, cette affreuse défroque ! Voyez, braves gens, voyez à quels excès se livrent ces gueux qu’on a mis à ma suite ! Je ne saurais en être responsable, je n’en suis plus maître, ils vont vous tuer ! Je vais tout de même vous sauver, au péril de ma vie. J’en ai sauvé cinquante-quatre. Vous serez la cinquante-cinquième. Ce sera quatre cent mille francs.' »

Comme le rapporte à l’époque L’Humanité, L’Echo du Centre et Le Petit Marocain, Alexandre Villaplane est fusillé le 27 décembre 1944 à 10h, avec les chefs de la Gestapo française Lafont-Bonny et d’autres co-accusés condamnés à mort, au fort de Montrouge (Val-de-Marne). Tout près du stade où il joua avec l’équipe de France contre l’Irlande du Nord en amical le 21 février 1928 au stade Buffalo (victoire 4-0).

Sa date de naissance à Alger est incertaine : selon les sources, il est né le 24 décembre 1904 (acte de naissance sur Wikipédia) ou le 12 septembre 1905. Il s’installe en France avec ses parents durant son adolescence dans les environs de Sète.

Pierre Bonny - Henri Lafont - Libération - 11 décembre 1944.png
By Unknown author – Libération, Public Domain, Link

Image illustrative de l’article Alexandre Villaplane
Par <a href= »https://en.wikipedia.org/wiki/fr:Agence_Rol » class= »extiw » title= »w:fr:Agence Rol »><span title= »agence photographique française »>Agence Rol</span></a> — Cette image provient de la <a rel= »nofollow » class= »external text » href= »https://gallica.bnf.fr/ »>bibliothèque en ligne Gallica</a> sous <a href= »https://en.wikipedia.org/wiki/fr:Archival_Resource_Key » class= »extiw » title= »w:fr:Archival Resource Key »>l’identifiant ARK</a> <a rel= »nofollow » class= »external text » href= »https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b532232111″>btv1b532232111</a>, Domaine public, Lien

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