Le 17 novembre 1993, la France connaît l’un des pires scénarios de son histoire avec une défaite contre la Bulgarie dans les arrêts de jeu synonyme de privation du Mondial aux Etats-Unis. Une rencontre qui regorge d’anecdotes.
Fiasco. C’est souvent le mot qui ressort pour qualifier cette rencontre. Le 17 novembre 1993, la France reçoit la Bulgarie au Parc des Princes, dernier match de poules.
Un match nul suffit aux Bleus pour décrocher leur billet pour le Mondial aux Etats-Unis l’été suivant.
« L’Amérique » de Joe Dassin dans la sono du Parc des Princes
Rembobinons le film. Un mois plus tôt, la France – en tête du groupe – reçoit Israël – dernier du groupe – au Parc le 13 octobre 1993.
L’ambiance est à l’optimisme. Les enceintes du Parc des Princes crachent la chanson de Joe Dassin « L’Amérique » en référence au Mondial américain : « L’Amérique, l’Amérique / Je veux l’avoir et je l’aurai / L’Amérique, l’Amérique / Si c’est un rêve, je le saurai »
Mais les Bleus – qui ont une première occasion de valider leur ticket – se font surprendre et s’inclinent 3-2… déjà dans les arrêts de jeu.
Un mois plus tard, rebelote. Les Bleus de Jean-Pierre Papin et Eric Cantona retrouvent de nouveau la pelouse parisienne avec une nouvelle occasion de se qualifier. Cette fois contre la Bulgarie contre qui un match nul suffit.
Un coq sur la pelouse
Une fois le coup d’envoi donné, un événement cocasse survient.
Présent au moment des hymnes pour la Marseillaise, un coq envahit la pelouse et perturbe le match après un quart d’heure de jeu.
Un coq perturbe le match de la France contre la Bulgarie le 17 novembre 1993 après un quart d'heure de jeu. Les Bleus essaient (en vain) de l’attraper… comme Kostadinov à la fin de la rencontre qui prive l'EDF du Mondial aux Etats-Unispic.twitter.com/6XYKXTobYx
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Les Bleus essaient (en vain) de l’attraper… comme Kostadinov à la fin de la rencontre. Après un mauvais centre de David Ginola, la Bulgarie récupère le ballon et passe en revue les Tricolores avant que Kostadinov crucifie Bernard Lama à deux secondes de la fin du temps réglementaire (2-1, 90e). Il est 22h38. Rideau.
Aux commentaires, Thierry Roland et Jean-Michel Larqué sont sonnés (« C’est la mise à mort »). Le Parc des Princes est plongé dans le silence tandis que le héros bulgare entame une course folle et que les joueurs et le staff tricolore deviennent livides (Deschamps pleure, Desailly se tient la tête). Le rêve américain des Bleus s’envole : ils ne verront pas l’Amérique.
La boulette de TF1
Après ce but, la réalisation de TF1 en perd son latin et se trompe dans l’affichage et inverse le score dans le synthé.
Non, c’est bien la Bulgarie qui remporte ce match et décroche son ticket pour la Coupe du monde aux États-Unis avec la Suède. Les deux équipes atteindront les demi-finales du Mondial.
Après le but de Kostadinov dans les arrêts de jeu qui permet à la Bulgarie de mener et de se qualifier pour la Coupe du monde aux dépens de la France, TF1 se trompe dans l'affichage et inverse le score dans le synthé le 17 novembre 1993. pic.twitter.com/Oq5F9GOQJ8
— UN TRUC DE FOOT (@untrucdefoot) November 18, 2022
Kostadinov n’aurait pas dû jouer
Le nom de Kostadinov fait faire des cauchemars à bien des supporters de l’équipe de France encore aujourd’hui.
Pour l’anecdote, le buteur bulgare est entré illégalement sur le territoire français. Emil Kostadinov, le buteur et Luboslav Penev, le passeur, ont passé clandestinement la frontière de nuit grâce à un ami footballeur bulgare résidant en Alsace. En effet, ils n’avaient pas de visa pour entrer en France et disputer ce fameux match au Parc des Princes, comme le raconte en 2011 son ancien coéquipier Zlatko Yankov.
Interrogé sur cette histoire par plusieurs médias français en 2016 et 2017 (France Télévisions, RMC Sport, Eurosport), Emil Kostadinov a confirmé cette histoire : « Oui. A cette époque je jouais au FC Porto. Je n’avais pas pu obtenir le visa dans le délai d’un mois, ce qui était agaçant. Finalement avec Penev nous sommes venus en voiture via l’Allemagne… »
Jacquet bloqué par le cordon de sécurité pour transmettre les consignes
Dans son livre « Ma vie pour une étoile », Aimé Jacquet – alors adjoint du sélectionneur – raconte comment il est empêché de transmettre les consignes aux joueurs en toute fin de rencontre : « À une minute du coup de sifflet final, alors que nous sommes dans le camp bulgare, côté droit, Gérard (Houiller, ndlr) me souffle : ‘Va leur dire que c’est fini, qu’ils fassent tourner le ballon tranquillement. Surtout aucun risque ! ‘ Je me précipite pour répercuter le message mais le cordon de sécurité traditionnel des fins de match se met en place près du banc de touche et m’interdit le passage ! Le temps que je fasse le tour par-derrière et que j’arrive au bord du terrain, la contre-attaque bulgare est enclenchée et le ballon termine au fond des filets de Bernard Lama. Je n’ai rien vu, rien compris. Je sais seulement qu’un silence de cathédrale s’abat sur le Parc des Princes et que je me prends la tête à deux mains, abasourdi, statufié sur place, anéanti. »
Djorkaeff à la place de Ginola pour remplacer Papin ?
Dans les colonnes de L’Equipe, Youri Djorkaeff révèle que c’est lui devait remplacer Papin et non Ginola : « Je rentre quelques minutes face à Israël (2-3, le 13 octobre). Et en fait, face à la Bulgarie, c’est moi qui dois entrer et pas David (Ginola). Gérard Houllier nous envoie nous échauffer. Aimé (Jacquet, alors entraîneur-adjoint, n.d.l.r.) me dit que c’est moi qui entre. Mais le Parc des Princes commence à scander le nom de Ginola. Ça fait hésiter Gérard. Et, finalement, il fait entrer David… Sans la pression du Parc, j’entre à sa place. »
Et de confier : « Houllier a peut-être aussi privilégié au dernier moment l’expérience de David qui avait marqué juste avant face à Israël. Mais peut-être que si j’étais entré, cela n’aurait rien changé à l’histoire. Je regrette, dans cet événement-là, qu’on ait pointé du doigt David. On a tous perdu, on a tous été éliminés et ce n’était pas la faute d’un joueur . »
Houiller remballe son livre
Le sélectionneur Gérard Houiller fustige Ginola : « Au lieu de temporiser, David expédie un exocet de 60 mètres à la place d’un centre précis qui donne une balle de contre-attaque ! » Et de conclure que ce dernier a commis « un crime contre l’équipe ». Une référence notamment à ses propos d’avant-match : comprenant qu’il ne sera pas titulaire, David Ginola critique ouvertement le sélectionneur national l’accusant d’avoir sélectionné Papin et Cantona – anciens joueurs de l’OM – qui « ne devraient pas jouer en équipe de France » notamment pour un match aussi décisif… à Paris, le jardin d’El Magnifico.
Gérard Houiller avait prévu de sortir le lendemain de France-Bulgarie un livre sur… comment réussir dans le football « Entraîneur : Compétence et passion, les détails qui font gagner« . L’ouvrage reste au placard et Gérard Houiller démissionne une semaine plus tard remplacé par son adjoint Aimé Jacquet. La suite, on la connaît.
"Inqualifiable" : au Lendemain de France-Bulgarie en 1993, qui nous a fait manqué la CDM 1994 #Une pic.twitter.com/ArAScMPsuY
— Frédéric Viaud | @S1™e (@s1tme) November 19, 2013
Pour l’anecdote, la une du journal Libération le lendemain le 18 novembre 1993 : « La France qualifiée pour 1998 »
Le maillot de Ginola en Bulgarie
Le maillot de David Ginola a fini chez un collectionneur bulgare. L’attaquant tricolore l’a échangé au coup de sifflet final avec Emil Kremenliev, le joueur qui récupère son centre raté. Lors d’une interview avec L’Equipe en 2016, Kostadinov a posé pour la photo avec ce maillot tricolore.
Pour fêter leur qualification, les joueurs bulgares sont allés en boîte de nuit aux « Bains Douches ». Kostadinov et les siens y ont croisé Vanessa Paradis qui était avec son compagnon de l’époque Lenny Kravitz. Il y avait aussi Prince avec qui ils ont essayé de faire une photo avant de regagner leur hôtel au petit matin.
Un album Panini pour l’éternité
Pour l’anecdote, des images Panini des joueurs de l’équipe de France s’arrachent. Après l’Euro 1992, Téléfoot organise ce shooting incroyable avec les Bleus pour un album Panini “Official Football Cards” en 1993.
Une collection sortie quelques mois avant l’élimination de la France par la Bulgarie en novembre 1993 lors des matches de qualification, privant les Bleus de la Coupe du monde 1994 aux États-Unis alors que Cantona avait ouvert le score (1-0, 32e) avant le doublé de Kostadinov (2-1, 37e et 90e).
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